Ecrivain camerounais

Faire de l'histoire le levier de l'avenir

L'âge de la majorité à 50 ans

 

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Publié le 28 mai 2010

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Vrai passeport, faux citoyen

Faut-il blâmer les dirigeants du Cameroun ?

 

En considérant une autre approche de la citoyenneté qui ne se limite pas à la possession du passeport d’un pays, on pourra dire que la camerounité est un concept qui se rapporte très peu à la géographie. La camerounité est un état d’esprit et un ensemble de valeurs culturelles qui habitent toute personne travaillant à son niveau pour le rayonnement du Cameroun et le bien-être de ses habitants. De même, à une échelle plus large, l’africanité ne concerne pas la peau noir, mais l’attachement à l’Afrique. Nombre de Noirs de par le monde n’ont aucun lien immédiat avec l’Afrique. Ceux-là sont des Noirs, pas des Africains. Vu dans ce sens, en plus des Camerounais de droit selon la loi, tout individu étranger qui apporte bénévolement sa pierre à l’édifice du Cameroun peut en revendiquer la citoyenneté. Citons à titre d’exemple Madame Marie-Hélèle Ngoa, française de naissance, qui après avoir créé et dirigé l'association de bienfaisance APA, est devenue maire d’Akono près de Yaoundé. Une autre dame, Claude Bergeret, française elle aussi, qui est fermière dans une brousse à 20 km de Bangangté et qui a été l’une de nombreuses épouses du chef traditionnel Bangangté. Entre autres déclarations, on lit d’elle : « Je parle le Bangangté peut-être mieux que ma langue maternelle… Je m’y sens chez moi et j’aime y vivre. »[i] Citons également le médecin missionnaire Dieter Lemke, canadien, qui a combattu le paludisme et le VIH à Mbingo au Sud-Ouest du Cameroun pendant plusieurs décennies et qui y retourne souvent pour faire du volontariat. Ces quelques exemples illustrent l’existence de personnes de race blanche qui portent le Cameroun dans leurs cœurs. Par contre, être né au pied du Mont Cameroun et poser des actes qui assurent la mainmise des puissances étrangères sur le Cameroun c’est ne pas être Camerounais. On a souvent accusé des Occidentaux à la peau noire installés aux commandes de l’Etat de faire la politique de l’Occident. Il ne pouvait en être autrement. D’où cette conclusion qui coule toute seule: les dirigeants du Cameroun ne sont pas tous des dirigeants camerounais. Bien qu'ayant un passeport vert du Cameroun, plusieurs ne sont pas citoyens camerounais dans l'âme. Bon nombre d'observateurs de la scène politique camerounaise et africaine se sont souvent trompés face à ces faux citoyens en émettant des raisonnements erronés. Je les entends déclarer aux conferences : "Voyez ce que font les dirigeants du pays. Ils ne sont pas pourtant des Occidentaux. C'est l'Afrique qui est responsable de ses propres malheurs." A ces penseurs mal avisés je dis: Non mes chers messieurs, n'aidez pas l'Occident aà se dédouaner de ses forfaits. Ces dirigeants africains dont vous parlez jouent pour l'équipe adverse. Ils sont des Occidentaux noirs de peau. Ils sont là pour servir leur patrie à eux, à savoir l'Occident. Quoi de plus logique !



[i] Claude Njiké-Bergeret : La sagesse de mon village, Ed Jean-Claude Lattès, 2000